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Alors que le secteur du textile appelle l'Etat à l'aide pour freiner Shein, la marque française Pimkie sera bientôt disponible sur l'application chinoise décriée

Une cliente dans une boutique éphémère de la marque asiatique Shein, le 26 juin 2025 à Diajon, en Côte-d'Or.

Une cliente dans une boutique éphémère de la marque asiatique Shein, le 26 juin 2025 à Diajon, en Côte-d'Or. - ARNAUD FINISTRE © 2019 AFP

Accusée d'être l'une des causes de la crise du secteur textile, l'entreprise chinoise Shein annonce un partenariat avec la marque française Pimkie. Ses vêtements seront notamment proposés sur la plateforme du géant de la mode ultra-éphémère.

De plus en plus vivement critiquée par les entreprises textiles européennes, le groupe chinois Shein annonce un partenariat avec Pimkie, une marque française de prêt-à-porter féminin en difficulté, ce mardi 16 septembre.

Les produits de Pimkie seront désormais disponibles sur la plateforme de vente sur internet de Shein dans le monde entier, précise un communiqué de presse. Le partenariat s'étend à un "ensemble de services sur-mesure, notamment les services logistiques, de production à la demande et de traitement des commandes en ligne".

Pimkie, qui a connu plusieurs années difficiles (dont une procédure de sauvegarde), réalise seulement 6% de son chiffre d'affaires via les ventes sur internet et espère ainsi augmenter son chiffre d'affaires.

De son côté, Shein entend montrer qu'elle "peut travailler avec des modèles traditionnels". L'entreprise chinoise est devenue l'enseigne de mode "où les Français ont dépensé le plus en 2024", selon une étude de l'application de shopping Joko, remplaçant la plateforme lituanienne de seconde main Vinted.

Entre 2023 et 2024, les ventes en valeur de Shein ont augmenté de 58%, a encore constaté Joko tandis que celles de Temu, autre grande plateforme asiatique, mais généraliste, ont explosé de 178% sur la même période.

Le secteur demande des taxes douanières

Cette montée en puissance est très critiquée. Plusieurs fédérations européennes du textile et de l'habillement ont conjointement appelé l'Union européenne à "des actions d'urgence" contre la mode ultra-éphémère.

Pour endiguer la "hausse sans précédent des déchets textiles" et "la pression intenable sur les entreprises européennes", les signataires demandent notamment et "sans délai" à l'Union européenne de renforcer les barrières douanières et d'accélérer les enquêtes en cours contre ces plateformes (Shein, Temu, etc.).

La semaine dernière sur BFM Business, les industriels du textile attendaient des gestes forts de la part de l'Etat pour endiguer la montée en puissance du groupe chinois.

"Avec ce qui se passe avec Shein et Temu, c'est tout le commerce français, dans tous les secteurs, qui est en danger", estimait Olivier Ducatillion, président de l'Union des Industries Textiles (UIT).

En France, l'Assemblée nationale et le Sénat ont voté un texte pour freiner l'essor de la mode ultra-éphémère. Il doit désormais être approuvé par une commission mixte paritaire avant d'entrer en vigueur.

En crise comme beaucoup d'autres enseignes de prêt-à-porter en France (Camaïeu, DPAM, Sergent Major, Comptoir des Cotonniers, etc.), Pimkie a connu depuis 2023 deux plans de sauvegarde de l'emploi (PSE) devant entraîner au total la fermeture d'une centaine de magasins et la suppression de près de 500 emplois.

À fin juillet 2024, cette enseigne, qui cible une clientèle féminine jeune, comptait encore 1.303 salariés et 154 magasins affiliés, a indiqué le tribunal de commerce de Lille dans son jugement.

P.La.