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Un centre de sauvegarde de la faune demande l'interdiction de la chasse en période de sécheresse

Elisa Fernandez
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Selon le centre Athenas, dont la pétition a pour l'heure recueilli plus de 50.000 signatures, la survie des animaux est en jeu après la période d'intense sécheresse que la France vient de connaître.

Plus que quelques jours avant l'ouverture de la saison de chasse, pourtant, l'intense sécheresse qu'a connue le pays pourrait rebattre les cartes. C'est du moins le souhait du centre Athenas, un centre de sauvegarde de la faune sauvage, qui demande dans une pétition au gouvernement un moratoire immédiat sur la chasse.

Son argument: les effets dévastateurs qu'ont eu les incendies à répétition cet été sur la faune et la flore. "On se retrouve dans des milieux naturels où il n'y a plus de taillis, quasiment plus de sous-bois parce qu'il est complètement desséché, grillé par la sécheresse, où on a une demie-génération qui est morte", explique Gilles Moyne, le directeur du centre Athenas et auteur de la pétition, sur BFMTV.

D'après lui, face à cette nature ravagée, les animaux ont à présent du mal à trouver des points d'eau ou de la nourriture pour subsister.

"Après cet épisode catastrophique, on estime qu'il serait de bon aloi de ménager une pause dont la durée reste à définir pour l'ensemble de la faune sauvage", poursuit-il. "On imagine bien que des chiens courant, des voitures tout-terrain et des coups de feu ne sont pas de nature à apaiser la faune."

Plus de 50.900 signatures recueillies

Une idée soutenue par le parti EELV, dont le chef de file Julien Bayou a indiqué avoir adressé une demande en urgence à Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique. La pétition a pour l'heure recueilli plus de 50.900 signatures.

Mais du côté des principaux concernés, cette éventualité séduit beaucoup moins. Des chasseurs affirment qu'une telle mesure serait notamment néfaste pour les agriculteurs, qui font régulièrement face à des dégâts causés par certains animaux. "Il faut chasser, déjà parce qu'on est acteurs de la biodiversité. Si on ne chasse pas pendant un an, ce serait une catastrophe", commence Adrien Dovetta, président de l'association des jeunes chasseurs du Var.

Dans son département, poursuit-il, la population de sangliers est si importante qu'elle cause des dégâts considérables: "On est potentiellement entre 700.000 et 800.000 euros d'indemnités versées aux agriculteurs."

"L'année dernière, c'est 77 millions d'euros au niveau national. Si l'on ne chasse pas, qui paye?", lance encore Adrien Dovetta.

"Un appel au bon sens"

À La Teste-de-Buch en Gironde, la chasse au chevreuil a été gelée jusqu'en 2023, alors que près de 30% de la population a été décimée à cause des incendies. Gilles Moyne, interrogé en direct sur BFMTV ce dimanche, espère voir d'autres initiatives de ce genre être adoptées dans un avenir proche.

"Il ne s'agit pas d'une posture pro ou anti-chasse, il s'agit d'un appel au bon sens des usagers de cette pratique", rapporte-t-il.

Selon lui, une interdiction temporaire de la chasse répondrait au principe d'équité, alors que différentes activités ont dû cesser face à la sécheresse. "On a constaté que les pouvoirs publics ont réglementé à juste titre un grand nombre d'activités en plein air, des activités de loisirs ou professionnelles, or la chasse échappe à cette réglementation. On estime qu'il y a une atteinte au principe d'équité républicaine", conclut le président du centre Athenas.

Elisa Fernandez
Un centre de sauvegarde de la faune demande l'interdiction de la chasse en période de sécheresse