Soupçonné de légitimer "le jihad armé", l'Institut Européen des Sciences Humaines dissous en Conseil des ministre

Un élève marche devant le bâtiment de l'"Institut du Saint Coran" le 11 février 2015 à l'Institut européen des sciences humaines (IESH) à Saint-Léger-de-Fougeret, dans le centre de la France. - PHILIPPE DESMAZES
L'Institut Européen des Sciences Humaines (IESH), une école d'imams soupçonnée de prôner "un islam radical" et de légitimer "le jihad armé", a été dissous en Conseil des ministres ce mercredi 3 septembre, a annoncé sur X Bruno Retailleau.
"La lutte contre l'entrisme de la mouvance frériste se poursuit. Aujourd'hui, l'Institut Européen des Sciences Humaines a été dissous en Conseil des ministres à ma demande", écrit le ministre de l'Intérieur, ajoutant remercier "les services de l'État qui, au quotidien, mènent ce combat vital pour ne pas laisser les Frères musulmans dérouler leur agenda islamiste".
Un rapport, demandé par Emmanuel Macron et publié au printemps, faisait état d'une "menace pour la cohésion nationale" avec le développement d'un islamisme "par le bas" de la part des Frères musulmans.
Fondé en 1992 à l'initiative de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF, devenue Musulmans de France), qui gravite dans l'orbite de la confrérie islamiste des Frères musulmans, l'IESH est régulièrement la cible d'accusations d'accointance avec les mouvements radicaux.
Les locaux, installés dans la Nièvre, ont été perquisitionnés fin 2024 par notamment l'Office central pour la répression de la grande délinquance financière (OCRGDF) dans le cadre d'une enquête sur des soupçons de non-déclaration de financements étrangers, notamment qataris.
"Il n'y a rien de fondé"
L'enquête, ouverte par le parquet de Nevers, porte notamment sur des faits de blanchiment, d'abus de confiance ainsi que de non-respect de l'obligation de déclaration de financements étrangers, notamment en provenance du Qatar, inscrite dans la loi de lutte contre le séparatisme adoptée en 2021, avait indiqué à l'époque une source proche du dossier.
"Il n'y a rien de fondé. Depuis la loi de 2021, on n'a eu aucun don de l'étranger. Le dernier, du Qatar, date de 2018, et il est déclaré", avait affirmé à l'AFP le doyen de l'institut, Larabi Becheri, contestant les accusations.
"Nous, on forme des imams à la française pour éviter le radicalisme", s'était défendu Larabi Becheri, insistant sur l'"indépendance" de l'institut.
L'école, installée dans le minuscule hameau de Saint-Léger-de-Fougeret (Nièvre), au beau milieu des forêts denses du Morvan, a été la première du genre à voir le jour en France, non loin de Château-Chinon, terres électorales de François Mitterrand. L'ancien président voulait favoriser une formation des imams dans l'Hexagone, un credo plus tard repris par Emmanuel Macron.