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Aide médicale d'État, jours fériés, dissolution... Ce qu'il faut retenir de l'interview de François Bayrou sur RMC-BFMTV

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Le Premier ministre a défendu une nouvelle fois son projet de budget sur RMC-BFMTV, à quelques jours du vote de confiance qui semble perdu d'avance pour le gouvernement.

À quelques jours du vote de confiance auquel il a décidé de se soumettre, François Bayrou continue de défendre son action. Face à un vote qui semble perdu d'avance, "il y a un défaut que je n'ai pas, c'est d'être défaitiste", a-t-il affirmé sur RMC-BFMTV ce mercredi 3 septembre.

• Une situation "d'affaiblissement"

François Bayrou a défendu sa décision de se soumettre au vote des députés le 8 septembre, "pour que tout le monde se rende compte de la situation". "La France a une situation particulière, qui est une situation d'affaiblissement incroyable", a-t-il affirmé.

La dette représente une "hémorragie" pour le pays, a estimé le Premier ministre.

François Bayrou a présenté le 15 juillet les grandes lignes de son projet de budget comprenant 43,8 milliards d'euros d'effort financier via un certain nombre de mesures - "année blanche fiscale", gel des prestations sociales - dont la plus commentée est la suppression de deux jours fériés sans contrepartie rémunératrice.

La gauche et l'extrême droite, voire certains Républicains, rejettent en bloc ce projet de budget qui prévoit notamment un effort de 44 milliards d'euros, alors que le taux d'intérêt de la dette française à 30 ans a dépassé 4,5%, une première depuis 2011.

"Si vous êtes représentant du peuple, vous devez vous demander où est l'intérêt national", a de son côté affirmé François Bayrou.

• Le Premier ministre toujours "prêt à examiner" des alternatives sur les jours fériés

Reçus mardi après-midi à Matignon, les dirigeants LR ont laissé entendre que François Bayrou était prêt à revenir sur la suppression très impopulaire de deux jours fériés.

"C'est 10% de l'effort qu'il faut faire", a souligné le Premier ministre. "Je renonce (à cette mesure, NDLR) dès l'instant où nous aurons trouvé" une alternative pour économiser 4 milliards, a-t-il affirmé, se disant encore une fois "prêt à examiner" d'autres solutions.

• L'AME plus stricte, "une mesure de bon sens"

Selon les informations de BFM Business, le gouvernement a adressé ce mardi pour avis au conseil de la Caisse nationale de l'assurance maladie (Cnam) deux projets de décrets qui durcissent les conditions d'accès à l'aide médicale d'État (AME) et réduisent la liste des soins remboursables pour les bénéficiaires.

Sur RMC-BFMTV, François Bayrou a défendu mercredi "une mesure de bon sens". "Lorsque vous demandez des efforts aux Français, il n'est pas possible que le sentiment que les Français éprouvent est qu'eux doivent faire des efforts et que tout le monde n'y soit pas associé", a-t-il expliqué, reconnaissant avoir évoqué ce sujet avec le Rassemblement national, qui réclamait cette mesure.

L'AME a pour but de permettre l'accès aux soins des personnes en situation irrégulière au regard de la réglementation française sur le séjour en France.

• Il "tend la main" à "toutes les forces politiques"

En attendant le 8 septembre, François Bayrou a repris mardi ses rencontres avec les partis politiques pour tenter de les convaincre de lui accorder leur confiance lundi. Place publique de Raphaël Glucksmann puis le RN ont été reçus dans la matinée mais "le miracle n'a pas eu lieu", a résumé le patron du parti à la flamme Jordan Bardella, rendant la chute du gouvernement quasi-inéluctable.

"Je tends la main à toutes les forces politiques", a déclaré François Bayrou sur RMC-BFMTV. Mais "je n'ai pas l'intention de dire que pour trouver des accords d'appareil, il suffirait de surcharger encore le sac à dos plein de fonte qu'on met sur le dos des jeunes Français", a-t-il assuré.

Vote de confiance: pourquoi le sort de François Bayrou semble scellé?
Vote de confiance: pourquoi le sort de François Bayrou semble scellé?
14:50

À gauche, si La France insoumise plaide sans relâche pour le départ du locataire de l'Élysée, Écologistes et socialistes tentent d'organiser une nouvelle alliance. Il faut "qu'on se retrouve, qu'on se mette dans une pièce et qu'on prépare la suite", a déclaré lundi soir la patronne des Écologistes Marine Tondelier, soucieuse d'évoquer avec ses partenaires "tous les scénarios": "qu'il y ait une dissolution, qu'il y ait une nomination de quelqu'un plutôt de la gauche et des écologistes ou de quelqu'un d'autre", ou qu'il y ait "une destitution".

• François Bayrou juge "possible" que le PS ne vote pas contre lui

Après avoir offert samedi ses services pour prendre la relève, le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, a répété vouloir "un Premier ministre de gauche, avec un projet de gauche et qui soumette ses propositions au Parlement" car "une dissolution ne changera rien aux équilibres" politiques.

Si François Bayrou juge toujours "possible" que le PS ne vote pas contre lui, il a noté qu'Olivier Faure "pense" qu'il peut être nommé Premier ministre à la suite de François Bayrou. "La question, c'est avec quelle majorité?", a-t-il demandé. "Est-ce qu'il est logique, cohérent, de dire je vais abattre votre gouvernement, et ensuite vous me soutiendrez?", a-t-il poursuivi, jugeant la démarche "risquée".

Le chef du gouvernement devra, en cas de vote négatif le 8 septembre, présenter la démission de son gouvernement, moins d'un an après avoir succédé à Michel Barnier, renversé par une motion de censure sur les textes budgétaires. En cas de nouveau blocage politique, certains, le RN notamment, réclament une dissolution de l'Assemblée nationale. "La dissolution est un risque, on l'a vécu il y a un an", a déclaré François Bayrou, ajoutant "ne pas croire" qu'une nouvelle dissolution apporterait "plus de clarté".

Sophie Cazaux