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Au moins deux morts, les suspects en fuite... Ce que l'on sait sur la fusillade survenue à Nice

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Deux personnes sont mortes à la suite d'une fusillade, ce vendredi 3 octobre, à Nice, dans le quartier des Moulins. Deux autres personnes ont été gravement blessées, tandis que les auteurs des coups de feu sont toujours recherchés.

Une fusillade a eu lieu ce vendredi 3 octobre au soir dans le quartier des Moulins à Nice (Alpes-Maritimes). Deux personnes sont mortes, tandis que plusieurs autres blessés graves ont été recensés.

Peu après 21 heures, un SUV Peugeot 3008 a fait irruption dans la zone. À bord, se trouvaient des tireurs encagoulés. Un ou plusieurs occupants du véhicule ont ouvert subitement le feu avec un fusil d'assaut sur les personnes présentes à proximité d'un point de deal. Au moins trente coups de feu sont tirés.

Sur une vidéo, que BFMTV a pu consulter, l'une des victimes présente une plaie au niveau du dos et est prise en charge par des riverains au milieu de la cuisine d'un restaurant.

• Les auteurs toujours en fuite

Les auteurs de la fusillade sont encore recherchés, a précisé le préfet, Laurent Hottiaux, qui s'est rendu sur place vendredi soir. Le SUV en question ayant pris la fuite.

De sources policières, trois tireurs encagoulés et armés ont ouvert le feu avec un fusil d’assaut et une arme de poing. Le procureur de Nice confirme qu'un total de 25 douilles de calibre 7-62 "correspondant au fusil d’assaut Kalachnikov" ont été retrouvées sur place.

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"Quatre mecs dans une voiture sont venus et ont tiré sur tout le monde", assure un habitant du quartier, qui se dit témoin des faits, au micro de BFMTV. "Il y a toutes les traces de balles", souligne-t-il, en pointant du doigt l'endroit des tirs. Plusieurs témoins ont indiqué auprès de BFMTV que les auteurs des coups de feu ont "tiré dans le tas" à proximité de la place des Amaryllis.

Une voiture qui correspond à celle des tireurs sera retrouvée calcinée un peu plus tard dans la soirée dans la commune voisine de Mougins. C’était un véhicule volé à Marseille le 30 septembre, et doté de fausses plaques selon le procureur.

• Deux adolescents parmi les victimes

Selon premières remontées de sources policières locales, un homme d’origine tchétchène âgé de 50 ans et un Niçois âgé de 20 ans ont été tuées. Elles sont décédées sur place malgré l’intervention rapide des secours.

Un mineur de 16 ans, blessé par balle au thorax, et un homme de 30 ans blessé par balle à l'abdomen, n'ont plus leur pronostic vital engagé depuis ce samedi à la mi-journée.

Trois autres victimes, un adolescent de 14 ans et de nationalité tunisienne touché aux fesses, un jeune de 23 ans touché à la cuisse et un homme de 45 ans touché au bras, sont également à déplorer.

"Plusieurs des victimes apparaissent sans lien" avec le trafic de stupéfiants, indique le procureur, qui ajoute que "les tirs ayant pu viser indistinctement les personnes présentes".

• Des liens supposés avec le narcotrafic

Le maire (Horizons) de Nice Christian Estrosi a fait un lien entre la fusillade et le narcotrafic dans la région. L'élu a affirmé, vendredi soir, lors d'un déplacement sur place, qu'une "incursion sur fond de narco-banditisme a entraîné des tirs à l’arme automatique".

La fusillade est "très vraisemblablement" liée au narcotrafic a également indiqué le procureur de Nice Damien Martinelli. Une enquête a été ouverte pour "homicides volontaires en bande organisée, association de malfaiteurs et tentatives d'homicide volontaire en bande organisée", a-t-il assuré auprès de BFMTV. Les investigations ont été confiées au Service Interdépartemental de la Police Judiciaire.

Les faits se sont produits dans le quartier des Moulins, pointé du doigt à de multiples reprises en lien avec le trafic de stupéfiants. Ces coups de feu interviennent quelques jours seulement après qu'un adolescent a été blessé par balle dans le même quartier.

"Ici même, trois points de deal ont été démantelés ces derniers jours et 300 personnes ont été incarcérées depuis maintenant cinq mois", a souligné le préfet Laurent Hottiaux.

• Ciotti et Estrosi réclament plus de moyens policiers

"J'ai toujours dénoncé le fait qu'il soit parfaitement intolérable que la police nationale, voire l'armée, n'occupe pas le terrain en permanence dans un lieu où il faut juguler le narcotrafic", a pointé du doigt Christian Estrosi.

"Nous avons parfois le sentiment d'être totalement abandonnés", a-t-il ajouté. "Je n'abandonnerai pas les habitants, ce soir, c'est une fois de trop et je n'accepterai pas qu'il y ait une (fusillade) de plus."

Une position partagée par Éric Ciotti. "Ces annonces (faites par le ministre démissionnaire de l'Intérieur, NDLR), nous les avons entendues des dizaines de fois. Il y a très clairement un problème d'effectif dans les Alpes-Maritimes."

• Des renforts prévus ce samedi

"Sur décision du ministre de l'Intérieur, des renforts seront mobilisés dès demain (samedi, NDLR) pour assurer le retour à la sécurité dans le quartier et resteront autant que nécessaire", a annoncé le préfet des Alpes-Maritimes, dans un communiqué publié sur X.

Une soixantaine de CRS ont été appelés en renfort à Nice, a indiqué samedi la préfecture des Alpes-Maritimes. "Sur décision du ministre de l'intérieur, la CRS 81 est engagée dans le quartier depuis la nuit dernière et restera le temps nécessaire", précise la préfecture dans un communiqué.

"Avec les effectifs mobilisés en continu tous les jours et toutes les nuits, le dispositif de sécurisation est donc de plus de 100 agents (CRS, BAC...)", ajoute-t-elle en évoquant aussi la mise en place d'une cellule d'urgence médico-psychologique.

Se défendant de toute inaction, la préfecture note également que deux millions d'euros sont consacrés par an à ce quartier au travers de dispositifs d'accompagnement éducatif ou d'accès aux droits et services publics, et que 75 millions d'euros ont été investis au titre du nouveau programme national de renouvellement urbain.

Arthus Vaillant et Paul Conge