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"Il faut être un peu fou pour vouloir le faire": à 2 ans de la fin de son mandat à la BCE, Christine Lagarde repousse l'idée de se présenter à l'Elysée

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La présidente de la Banque centrale européenne assure qu'elle ira au terme de son mandat en octobre 2027.

Christine Lagarde n'entend pas briguer l'Élysée en 2027. "Je pense que c'est un travail terrible, il faut être en quelque sorte préparé pour cela, et je ne pense pas que ce soit mon cas, vraiment", a estimé la présidente de la Banque centrale européenne (BCE) , interrogée dans le podcast College Leaders in Finance, comme l'a noté Bloomberg.

"Cela ne veut pas dire que je ne veux pas servir mon pays (...) mais je pense que c'est un travail épuisant pour lequel il faut être un peu fou pour vouloir le faire", a poursuivi Christine Lagarde, que certains observateurs imaginent se présenter à la prochaine élection présidentielle.

Son mandat à la tête de la BCE se terminera en octobre 2027. L'ancienne directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) a donné peu de précisions sur son avenir. "Il y a tellement d'autres choses que j'aimerais faire", a glissé Christine Lagarde au podcast du College Leaders in Finance. "Je ne pense pas que j'appellerais ça une retraite. Mais ce serait peut-être différent, plus axé sur ce qui me tient vraiment à cœur (...) je ne me vois pas me détendre, regarder la télévision ou voyager sans but précis ; je ne pense pas que ça me conviendrait", a poursuivi l'ancienne ministre de l'Économie (2007-2011).

Elle s'était engagée en juin à aller au terme de son mandat à la tête de la BCE alors qu'un article du Financial Times envisageait la possibilité qu'elle rejoigne le Forum économique mondial, qui organise chaque année une célèbre réunion à Davos (Suisse).

Déjà une ouverture pour le scrutin de 2017

Première femme à diriger le FMI, Christine Lagarde a connu une ascension météorique jusqu'au gotha des dirigeants mondiaux en se forgeant une solide carapace et une image distante et souvent insondable. Avocate d'affaires aux États-Unis, ministre de l'Économie en France, elle s'est frayé en quelques années un chemin vers les hauts lieux du pouvoir où les femmes ne sont pas légion. Selon certaines rumeurs remontant au début des années 2010, son imposant CV aurait même pu s'enrichir d'une candidature à la présidentielle française de 2017 si l'affaire Tapie-Crédit Lyonnais ne lui avait pas fait pas trop d'ombre.

Débauchée en 2005 de la présidence du cabinet d'avocats américain Baker & McKenzie, elle devient en 2007 la première femme à diriger le ministère de l'Économie en France où elle signe un record de longévité en y restant jusqu'en 2011, record qui sera battu quelques années plus tard par Bruno Le Maire. Son adaptation politique n'a pas été sans heurts. En 2005, à peine entrée au gouvernement, elle juge le code du travail français "compliqué" et "lourd". Et en 2007, en pleine flambée des prix des carburants, elle appelle les Français à "utiliser leur bicyclette", contribuant à forger d'elle l'image d'une femme parfois distante et aristocratique.

Son arrivée à la tête du FMI n'a pas totalement raison de son franc-parler. Elle provoque ainsi un tollé en appelant au printemps 2012 les Grecs, essorés par les plans d'austérité, à payer tous "leurs impôts". Christine Lagarde n'a pas non plus hésité à froisser ses anciens partenaires européens, malmenés par la crise de la dette, en appelant à recapitaliser leurs banques "d'urgence" ou en réclamant des solutions "durables" aux problèmes de la dette grecque. Mais le fond de sa pensée économique reste difficile à cerner, d'autant qu'elle a dû accompagner le lent et tortueux aggiornamento du FMI sur l'austérité. Du temps où elle était ministre, ses détracteurs assuraient que la politique économique de la France était bien plus façonnée à l'Elysée qu'à Bercy.

P.La. (avec AFP)