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Bayrou veut renforcer la réserve militaire: qui la compose et comment fonctionne-t-elle?

Juliette Desmonceaux
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Le Premier ministre François Bayrou s'est dit favorable ce dimanche 16 mars au renforcement de l'armée de réserve. Ces volontaires de l'armée interviennent en renfort des militaires professionnels sur des missions ponctuelles.

Le Premier ministre François Bayrou a rejeté l'idée d'un retour au service militaire obligatoire, mais s'est dit favorable au renforcement du nombre de réservistes, sur France Inter dimanche 16 mars.

"Il faut que nous ajoutions sans doute à cette armée professionnelle une armée de réserve", a-t-il déclaré, espérant par là "que le lien entre l'armée et la nation soit vivant, respecté et soutenu par nos concitoyens".

Si le chef du gouvernement parle "d'ajouter" une armée de réserve, la France dispose déjà de réservistes. Ces dernières semaines, le président Emmanuel Macron puis le ministre des Armées Sébastien Lecornu ont cependant plaidé pour un renforcement du nombre de réservistes.

"Mobiliser" davantage de "jeunes volontaires"

Fin janvier, le chef de l'État avait expliqué vouloir "mobiliser" davantage de "jeunes volontaires" au sein de l'armée, "en renfort". Il mettait notamment en avant le contexte international tendu, évoquant une "accélération des périls" notamment depuis le début de la guerre en Ukraine en 2022.

"Après l'armée de métier, c'est la réserve de professionnels qu'il nous faut à présent mobiliser, en appui, en appoint", assurait-il.

"Pour constituer cette réserve, la Journée de défense et de citoyenneté sera rénovée et redeviendra demain un moment de temps retrouvé avec les armées", explique Emmanuel Macron. "Parmi les 800.000 jeunes qui y passent chaque année, "certains se signaleront et diront qu'ils répondront présent si la Nation les appelle", disait-il, assurant viser 80.000 réservistes pour 210.000 militaires actifs d'ici 2030.

Jeudi 13 mars, le ministre des Armées Sébastien Lecornu a suggéré à son tour de "renforcer" la réserve militaire, évoquant un objectif de 100.000 réservistes, permettant de passer d'"un réserviste pour six militaires d'active" actuellement à "un réserviste pour deux militaires d'active", lors d'une interview sur France 2.

Une réserve opérationnelle ouverte de 17 à 72 ans

Actuellement, il existe en France différents types de réserves, allant de la réserve militaire, à la réserve de police en passant par la réserve citoyenne de défense. Sur le plan militaire, il existe une réserve opérationnelle dans les armées qui a pour mission principale "d'apporter un renfort temporaire aux forces armées, pour la protection de la France ou dans le cadre d'opérations conduites à l'étranger", selon le site service-public.fr

Cette réserve opérationnelle est constituée de volontaires chargés de missions opérationnelles dans les différentes armées, directions ou services, parfois au sein de la Sentinelle ou Vigipirate.

Elle est ouverte aux Français âgés de 17 à 72 ans, sous condition "d'aptitudes physique et médicale suffisantes", selon le ministère de la Défense. Il faut avoir un casier judiciaire vierge et avoir réalisé sa Journée de Défense et de citoyenneté ou son service national, selon son âge.

Les volontaires sont rémunérés en fonction de leur grade (une solde de 40 à 200 euros par jour) et signent un contrat d'une durée d'un à cinq ans renouvelable. Loin de constituer une activité principale, cette réserve doit occuper le volontaire de 5 à 120 jours par an seulement. Cela peut grimper à 210 jours par an en cas de situation exceptionnelle.

Une réserve citoyenne bénévole

Par ailleurs, la réserve militaire est aussi composée d'une deuxième réserve, la réserve citoyenne de défense et de sécurité. Elle "vise à entretenir l'esprit de défense et à maintenir le lien entre la Nation et ses forces armées", selon la gendarmerie.

Elle est ici aussi composée de volontaires, âgés d'au moins 17 ans, qui peuvent avoir ou non une expérience militaire. Ils sont chargés de "contribuer bénévolement à la défense et la sécurité de la France", donc à titre gratuit pour des interventions ponctuelles. Si leur candidature est acceptée, ils reçoivent un agrément d'une durée de trois ans renouvelable.

Une logistique complexe

Alors que plus de 6 Français sur 10 (61%) se disent "favorables au rétablissement d'une forme de service militaire obligatoire", selon un récent sondage du centre de réflexion Destin commun pour Ouest-France, le sujet revient sur la table ces dernières semaines.

Samedi, dans un entretien paru dans de nombreux titres de la presse régionale, Emmanuel Macron a plaidé pour une "grande refonte" du service national universel (SNU), plutôt que pour un retour du service militaire obligatoire.

Ce dernier ne constitue pas une "option réaliste", selon le président, l'armée actuelle n'ayant "plus la base, plus la logistique" pour le mettre en place et a plaidé plutôt pour une "grande refonte" du service national universel (SNU).

De fait, le renforcement des armées, que ce soit sous la forme d'un retour du service militaire ou sous la forme d'un renforcement de l'armée de réservistes, pose des questions pratiques.

"Nous n'avons plus les infrastructures, nous n'avons plus la compétence pour former les gens", rappelle sur BFMTV ce lundi, le commandant Christophe Soulard, délégué national de l'Union nationale des officiers de réserve, alors que le service militaire obligatoire a été supprimé en 1997.

Juliette Desmonceaux
Bayrou veut renforcer la réserve militaire: qui la compose et comment fonctionne-t-elle?