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Rassemblement national

Marine Le Pen interrogée ce mercredi à l'Assemblée sur le prêt russe du FN

B.F avec AFP
La présidente du groupe Rassemblement national Marine Le Pen (g), est assise à côté du député RN Jean-Philippe Tanguy (d) à l'Assemblée nationale, à Paris, le 13 mars 2023

La présidente du groupe Rassemblement national Marine Le Pen (g), est assise à côté du député RN Jean-Philippe Tanguy (d) à l'Assemblée nationale, à Paris, le 13 mars 2023 - Ludovic MARIN © 2019 AFP

La patronne des députés du RN sera entendue à 14 heures par la commission d'enquête parlementaire sur les ingérences étrangères. La triple candidate à la présidentielle devra notamment s'expliquer sur le prêt russe contracté par le FN en 2014.

Marine Le Pen est attendue ce mercredi après-midi à l'Assemblée nationale devant la commission d'enquête parlementaire sur les ingérences étrangères pour une audition qui doit faire la part belle à la Russie et à un prêt contracté par l'ex-Front national (FN) en 2014.

"On a dit dès le début que Marine Le Pen serait à la disposition de la commission d'enquête, on n'a pas changé d'avis", avait expliqué la semaine dernière le député RN Jean-Philippe Tanguy, également président de la commission d'enquête, en estimant toutefois qu'"aucun fait nouveau mis en lumière par les précédentes auditions ne justifie cette audition".

Refus de "toutes les banques occidentales"

La convocation de la triple candidate malheureuse à la présidentielle est à l'initiative de la majorité macroniste et notamment de la rapporteure de la commission d'enquête, la députée Renaissance Constance Le Grip.

Le prêt russe du Rassemblement national est au coeur des attaques portées par les adversaires de Marine Le Pen, en premier lieu Emmanuel Macron, qui avait estimé que la candidate d'extrême droite parlait "à (son) banquier quand elle parle de la Russie", lors du débat d'entre-deux tours de la présidentielle de 2022.

Lors d'une audition devant la commission d'enquête il y a 15 jours, l'ancien eurodéputé FN Jean-Luc Schaffhauser avait expliqué qu'il avait été chargé par Marine Le Pen des négociations pour que le parti conclue en 2014 un prêt avec des banques russes, mais sans "contrepartie" ou "pression politique".

L'ex-eurodéputé, par ailleurs consultant, avait expliqué qu'après le refus de "toutes les banques occidentales" d'octroyer un prêt au Front national, "nous ne pouvions trouver que du côté chinois, de l'Iran, ou la Russie: Marine Le Pen a considéré que la Russie était ce qu'il y a de mieux".

Un prêt de 9,4 millions d'euros a finalement été conclu en 2014 avec une banque tchéco-russe, dont la créance a été reprise par diverses sociétés à la suite de faillites en cascade, toujours en cours de remboursement.

Une rencontre entre Poutine et Schaffhauser

Se revendiquant comme un "grand connaisseur de la Russie", partisan d'une "Europe chrétienne jusqu'à l'Oural", membre de l'Opus Dei, soutien de Bachar El-Assad mais pourfendeur des Etats-Unis et du protestantisme "fondé sur l'argent", Jean-Luc Schaffhauser avait parfois dérouté les membres de la commission, en premier lieu Jean-Philippe Tanguy, soucieux de souligner que les convictions de son interlocuteur étaient "en opposition" avec celles du Front national devenu Rassemblement national.

Jean-Luc Schaffhauser avait en outre reconnu lors de son audition avoir rencontré Vladimir Poutine, "mais dans un cadre professionnel, pas comme élu", en faisant par ailleurs valoir, au détour d'une autre réponse, qu'"il est évident que si le pouvoir en place (Vladimir Poutine, NDLR) était contre, l'affaire (du prêt) ne se serait pas faite".

La négociation de ce prêt avait-elle engendré des demandes de contreparties politiques? "Evidemment que non", avait toutefois insisté l'émissaire, en affirmant que "s'(il) avait senti une pression politique, nous aurions trouvé une autre solution".

"Diversion"

Et, lorsqu'il avait été interrogé sur le "hasard" entre "la prise de position de Marine Le Pen en faveur de l'annexion russe de la Crimée et, quelques semaines plus tard, le fait qu'il y a ait un emprunt qui se réalise", Jean-Luc Schaffhauser avait éludé en faisant valoir que cette dernière "connaissait son histoire".

La commission d'enquête avait été lancée par le groupe RN à l'Assemblée fin 2022, précisément pour tenter de couper court aux accusations faisant du parti d'extrême droite un agent de l'influence russe en France. Les autres camps dénoncent une "diversion" du Rassemblement national.

Pour l'audition de Mme Le Pen, prévue à 14 heures, Jean-Philippe Tanguy déléguera la présidence de la commission, probablement au député MoDem Laurent Esquenet-Goxes, l'un des vice-présidents de la commission. La parole sera donnée à tous les membres de la commission et, si le temps le permet, à deux députés représentant les groupes communiste et Liot (indépendants). Le rapport de la commission doit être rédigé le 26 mai et ses conclusions présentées officiellement début juin.

B.F avec AFP
Marine Le Pen interrogée ce mercredi à l'Assemblée sur le prêt russe du FN